C’est quoi être une fille c’est quoi être un garçon ?

C’est quoi être une fille c’est quoi être un garçon ?

Cet automne, nous vous proposons un dossier sur la mixité de genre au sein de nos structures d’animation. D’où vient-elle et depuis quand ? Est-elle, par essence, un vecteur d’égalité ? Qu’est-ce que c’est au juste « le genre » ? Comment lutter contre les stéréotypes de genre ?
Tant de de questions qui nécessitent bien une série pour les aborder, et des exemples concrets pour illustrer vos initiatives en matière de mixité de genre.

Aujourd’hui, deuxième épisode, quelques notions de base pour défricher le terrain parce que dans « mixité de genre »… il y a « genre ». Et puis au fond, c’est quoi être une fille et c’est quoi être une garçon ? Des pistes dans cet article et dans le podcast ci-dessous.


Dans l’article de la semaine passée Coup d’œil historique sur la mixité en Belgique, nous avons vu que l’école avait commencé à mélanger les filles et les garçons à partir des années 70’ - en tout cas en théorie. Mais qu’est-ce que c’est être une fille et qu’est-ce que c’est qu’être un garçon ? Regarder la couleur du pyjama ne suffit pas, pas plus qu’observer ce qui se trouve sous les vêtements. Alors, avant de nous plonger plus loin dans la thématique, voici un petit focus sur quelques notions incontournables pour aborder les questions liées au genre.

* « sexe »

Dans nos sociétés, le sexe est assigné de manière binaire à la naissance. Cette assignation est basée, après observation, sur les caractéristiques sexuelles. Elles sont d’ordre anatomiques (organes reproducteurs internes et externes), génétiques (chromosomes) et hormonales.

Quand on assigne un sexe au nourrisson, on le classe dans une catégorie, soit celle des hommes soit celle des femmes. Il existe pourtant des personnes, souvent en bonne santé, dont l’ensemble des caractéristiques sexuelles observées présentes des variations par rapport aux normes prévues dans ces catégories. Ces variations sont parfois perçues dès la naissance, parfois plus tard, parfois jamais. Si ces variations sont observées, ces personnes sont dites « intersexuées ». Elles sont présentes à hauteur d’environ 2 % de la population.

Lorsque ces variations sont visibles à la naissance, elles contestent notre catégorisation binaire des sexes et empêchent le corps médical de déterminer dans quelle catégorie classer le nourrisson. Des interventions médicales dites de « normalisation » peuvent dès lors être pratiquées. Elles sont aujourd’hui contestées car elles violent les Droits humains et les Droits de l’Enfant.

* « genre »

Le genre, c’est ce qu’une société donnée, à une époque donnée, attribue comme masculin ou féminin. Ce qui est considéré comme « typiquement masculin » ne l’est peut-être pas un siècle auparavant ou quelques milliers de kilomètres plus loin. Par exemple, dans nos sociétés, il est « typiquement féminin » de se maquiller pour se mettre en valeur. Mais, chez les Wodaabe, (tribu nomade de l’ouest de l’Afrique), lors de la fête de Gerewol, les hommes dansent pour séduire les femmes après avoir passé toute une journée à s’apprêter, maquillage compris. Toujours chez nous, les talons hauts sont considérés comme des attributs « typiquement féminin », or à la cour du roi Louis XIV, c’était un attribut masculin important. Ce qui est considéré comme étant féminin ou masculin est une construction culturelle.

L’enfant, assigné fille ou garçon à la naissance, est supposé adopter un comportement genré en accord avec son assignation de sexe pour être dans la norme. C’est l’assignation de genre. Le comportement adéquat lui est ainsi rappelé en permanence dans une forme de conditionnement par la société dans son ensemble.

* L'identité de genre fait référence au genre auquel un individu s'identifie. Cela peut-être le même que celui qui lui est assigné... ou pas. Une personne qui se sent en adéquation avec le genre qui lui a été assigné est qualifiée de cisgenre tandis qu’un personne qui ne se sent pas en adéquation avec le genre qui lui est attribué est transgenre. Les genres sont multiples : femme, homme, non-binaire, fluide, agenre…

* L’expression de genre fait référence à la manière dont un individu s’approprie les codes sociaux du genre. Cela passe par le comportement, les vêtements, le maquillage ou les interventions médicales qu’il peut choisir de subir. L’expression de genre et identité de genre ne sont pas toujours liées.

Enfin, l’orientation sexuelle désigne le genre ou les caractéristiques sexuelles qui attirent une personne. Les orientations sexuelles sont multiples : gaies, lesbiennes, hétérosexuelles, bisexuelles, pansexuelle, asexuelle… On peut aussi parfois différencier l’attirance romantique de l’attirance sexuelle.

Toutes ces dimensions sont constitutives de l’individu, mais il n’y a pas de lien de causalité qui les relie. Une personne assignée homme à la naissance peut très bien avoir une identité de genre masculine, une expression de genre féminine tout en étant hétérosexuel. Ces caractéristiques se combinent pour participer à l’identité de l’individu et peuvent même fluctuer dans le temps. On peut être en accord avec son identité de genre une partie de sa vie et ne plus l’être durant une autre. N’être attiré que par un genre et puis par un autre, ou par plusieurs.

Au final, ces dimensions ne sont que des étiquettes qui nous permettent d’appréhender la multitude des possibles. Une étiquette, ça se colle, se remplace, se rature, se modifie. On en a parfois besoin pour mieux comprendre la diversité du monde. Mais une étiquette ça se décolle aussi. Et c’est tant mieux, non ?

(Re)sources:

- Europe: D'abord, ne pas nuire, Amnesty International
- La licorne du genre
- Mixte tes idées, Annoncer la couleur

Ce deuxième article de la série Mixité est accompagné d'un podcast. J’ai interviewé Cédric, chargé de projet et membre fondateur de Crible, à ce sujet. Crible est une Organisation de Jeunesse qui lutte contre les stéréotypes de genre.

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