« La guerre n’est pas une aventure, c’est une maladie »

« La guerre n’est pas une aventure, c’est une maladie »

Retour sur l'animation Diversity Power avec les élèves du CEFA de Seraing.

Jeudi 20 avril début d'après-midi, dernière animation Diversity Power de l'année scolaire au CEFA Saint-Martin, à Seraing. Ici, notre projet d'animation est construit d'une manière différente des autres écoles : nous menons à plusieurs reprises la même animation de deux heures, mais chaque fois avec des groupes de jeunes différents, au lieu de travailler tout au long de l'année avec la même classe. Aujourd'hui, pour cette dernière donc, j'accompagne Julien et Benoît, animateurs C-paje, à la rencontre d'élèves que nous ne connaissons pas encore.

Accompagnés par leurs deux professeures, les jeunes écoutent attentivement l'histoire que Benoît vient de commencer à narrer. Il s'agit du parcours de Karim, réfugié syrien, qui quitte Alep à la suite de bombardements. S'en suit un parcours particulièrement difficile, semé d'embûches. Beyrouth, Antalya, Istanbul, Lesbos, Athènes, Lecce, Bitola, Skopje, Pristina, Belgrade, Vienne, et, enfin, Bruxelles. Le récit de Karim se conclut par ses mots : "Nous pouvons voir qu’en tant que réfugiés, nous souffrons d’une augmentation du racisme et de la discrimination dans de nombreux contextes. Le mot réfugié a un sens négatif pour beaucoup de gens – il leur rappelle les terroristes, les crises et la guerre. Une des perceptions négatives des réfugiés qui contribue à la discrimination est la crainte qu’ils ne travailleront pas et qu’ils entraîneront des coûts pour le système social. En fait, les réfugiés ne veulent rien d’autre que contribuer au pays qui leur fournit asile et sécurité".

Les élèves sont alors invités à réagir. Faz' prend la parole le premier. "Cela me rappelle le parcours de mon père", souligne-t-il, "lui aussi a connu un parcours très difficile, en quittant l'Afghanistan pour venir en Belgique". Yan' enchaîne : "J'ai un de mes amis qui est réfugié ici après avoir dû fuir son pays, ce sont des sujets importants c'est bien d'en parler". Toute la classe acquiesce. La thématique parle au groupe.

Inspirés par le travail de Now You See Me Moria, les animateurs montrent alors aux élèves une série d'images prises dans le camp de réfugiés de la Moria, en Grèce. Les jeunes en choisissent une qui les touche ou les interpelle, et sont invités à partager leurs réflexions à propos de l'image choisie. On leur donne ensuite un papier carbone, afin de décalquer la photo sur une feuille blanche. Une fois le dessin obtenu, ils peuvent modifier certains éléments, pour soustraire ce qu'ils souhaiteraient voir changer ou disparaître (comme le fils barbelés), ou, à l'inverse, souligner ce qui est important pour eux, comme l'entraide entre les personnes, par exemple.

On poursuit avec une autre technique, qui consiste à réaliser un graffiti sur une photo d'un mur anti-migrant, histoire de faire passer un message. L'un des élèves décide de graffer le mot "prison" juste au dessus de Donald Trump, qui parade devant son mur anti-migrant au Mexique. Un autre, inspiré par une photo où l'on voit un char poursuivre un migrant le long d'un mur, écrit : "la guerre n'est pas une aventure, c'est une maladie".

Les deux heures d'animation se terminent doucement. On a échangé ensemble autour du sujet essentiel qu'est l'importance du droit des personnes migrantes, et les jeunes ont été créatifs dans leurs dessins, leurs messages. Nous pouvons repartir avec le sentiment du devoir accompli. Même si, bien sûr, la lutte continue, encore et toujours.

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