En 2016, j’ai été spécifiquement engagé au C-Paje comme « animateur-formateur 2.0 ». Cette casquette implique un attrait pour le numérique et des connaissances dans le domaine qui m’ont amené à proposer des animations autour de YouTube, du smartphone comme machine à fabriquer des podcasts, voire des ateliers de création de jeux vidéo. Mais, dans la vie privée, ma passion première se situe loin des écrans. Elle se pratique avec des dés, des pions, des cartes. Le jeu de société dit « moderne », un médium qui ne cesse d’évoluer et de se diversifier depuis les Colons de Catane en 1995, avec des milliers de nouveautés par an qui ringardisent le Monopoly. Il fallait que j’intègre ce loisir galvanisant à mon métier.
Mon cheval de Troie : le jeu de société coopératif. En 2018 s’organise la première formation C-Paje dédiée à la découverte (et à la création!) d’œuvres ludiques prônant l’entraide, l’intelligence collective, l’interaction sociale. J’y ferai des rencontres qui me pousseront ensuite à co-créer ma propre ASBL dédiée au partage de ce loisir devenant de plus en plus, lui aussi, un travail. Avec mon ami Benjamin (aujourd’hui devenu un collègue au C-Paje), nous lançons une émission sur Twitch, pour débriefer en direct nos expériences ludiques, puis une chaîne YouTube. À mesure que le jeu de plateau se démocratise auprès du grand public, il s’impose également comme un support de créativité et de réflexion au C-Paje, au même titre que le papier, la vidéo ou la danse. Ensemble, nous concevons « Oppressions », qui interroge la dimension politique du métier d’animateur. Puis, j’imagine un jeu de cartes mobilisant la mécanique du « Draft » à destination des jeunes participant au projet Diversity Power. Un prétexte pour qu’ils partagent leur identité au groupe de façon indirecte et légère, en s’échangeant des portraits de leurs personnages d’animés préférés.
Dernier accomplissement en date de cette incursion du jeu de société au C-Paje : l’arrivée d’une ludothèque « mobile » (les jeux sont empruntables par l’équipe d’animation, pour les amener sur le terrain ou… chez soi). On y glane de nombreuses boîtes qui ont fait leurs preuves lors de mes tests personnels. Elles ont pour point commun de favoriser l’expression (orale, écrite, artistique…). « À la manière d’Arcimboldo » propose de figurer ses propres œuvres à l’aide de fruits et légumes magnétiques, à l’instar du peintre éponyme. « Pour la Reine » invite le groupe à improviser une histoire ensemble, à mi-chemin entre le jeu de rôle et le cadavre exquis. « Mystères » revisite l’exercice du portrait chinois. On y trouve encore pêle-mêle Imagine, Tell Me More, Picto Rush, des classiques comme Concept et Time’s Up… La liste, destinée à s’allonger, il m’est impossible de vous la détailler en entier : certains jeux ont quitté l’espace derrière mon bureau pour partir en animation. Comme autant de tremplins ludiques pour initier l’interaction sans ambages.