"Le racisme, c'est comme un chien qui est aveuglé par l'amour de lui-même"


Rencontre avec les deux classes de l'école primaire Outremeuse-Liberté qui participent cette année au projet Diversity Power.

Mardi 21 mai 2024, début de matinée. Depuis plusieurs jours, la météo est plus que maussade en Belgique. Et le temps ne semble pas s'arranger aujourd'hui. Pour le plus grand dam de Laura et Julien, les deux animateurs C-paje qui mènent le projet Diversity Power cette année avec les élèves de deux classes de l'école primaire communale Outremeuse-Liberté. Pour cette journée, le programme prévoyait en effet la poursuite de la fresque entamée la semaine précédente sur les murs de la cour de récréation. Vu la pluie persistante, il va donc falloir revoir les plans. Mais les animateurs avaient prévu le coup : les écoliers resteront bien au chaud en classe aujourd'hui, et créeront leurs personnages inspirés par le travail artistique de Keith Haring. Ces personnages seront ensuite peints sur la fresque, quand le temps le permettra.

Laura commence donc à présenter aux enfants l'univers de cet artiste américain, un homme qui a fait de son travail un art accessible à tous, dans la rue et les lieux de passage, et non pas dans les musées, réservés à une élite. Une fois le petit exposé terminé, les élèves créent leurs personnages. Têtes, avant-bras, bras, corps, cuisses, tibias, pieds et mains sont alors soigneusement découpés, avant d'être attachés ensemble. Cela prend du temps, il faut être minutieux pour avoir un résultat satisfaisant. Pour aller les peindre sur la fresque, on attendra donc la semaine prochaine.

Mais la semaine qui suit, la météo ne s'arrange pas. Il pleut. Encore et encore. Pas le choix, il faut encore attendre... Jusqu'au mardi 4 juin ! Le soleil décide alors d'enfin pointer le bout de son nez.

Les écoliers sont ravis de pouvoir travailler sur la fresque et d'y rajouter leurs personnages inspirés par le travail de Keith Haring. Seule consigne donnée par Julien : ces petits bonhommes doivent s'accrocher au bord de leur triangle dont ils avaient peint le fond il y a quelques semaines. Certains personnages semblent tomber, alors que d'autres s'accrochent, dansent, marchent, sautent... Chacun est libre de faire ce qu'il lui plaît ! Sous le soleil, les enfants rigolent, s'entraident, lavent les pinceaux ensemble...

Et pendant qu'une partie des élèves est en train de peindre en extérieur, l'autre moitié de la classe prend le temps de réfléchir aux slogans qui seront écrits sur la fresque. En compagnie de Laura, les jeunes cherchent ainsi à créer des phrases poétiques grâce à la technique d'émergence dite du "c'est comme", qui consiste à prendre un concept et à le comparer à un objet ou une idée du quotidien accompagné d'un verbe et d'un adverbe. Comme par exemple : 'le respect c'est comme un sport qui mange très bien'. Plusieurs phrases sont alors sélectionnées par les enfants, comme 'le racisme c'est comme un chien qui est aveuglé par l'amour de lui-même', ou bien 'la diversité c'est comme une fleur qui joue en équipe'.

La journée se termine déjà. Les écoliers se retrouvent une dernière fois dans la cour de récré pour jouer ensemble. Il faudra encore un peu de patience pour que la fresque soit complètement terminée, mais nous pouvons partir avec le sentiment du devoir accompli. Les jeunes ont réalisé un ouvrage de manière collective et ont réfléchi ensemble aux messages qu'ils souhaitent faire passer. Bien qu'ils n'aient pas le droit de vote pour les élections de ce 9 juin, il ne faut pas perdre à l'esprit que les jeunes aussi ont le droit de s'exprimer. C'est même capital qu'ils le fassent. Et quel beau travail de pouvoir les accompagner dans cette démarche.

 

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Animation

Actualité rédigée par
Lucien Demoulin

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