Un mercredi de mars, j’ai accompagné la classe de quatrième secondaire de l’école de Commerce et Comptabilité à la Cité Miroir, dans le cadre du projet Diversity Power, pour y découvrir la pièce « Défaut d’Origine ».
Sur scène, Yasmine Laasal est seule et scrute, avec patience, le public s’installant. Une fois tout le monde en place, elle nous présente, grâce à un écran, différents personnages qui font partie de son histoire. La scène consiste en un carré délimité, une scénographie simple et rudement bien pensée, qui accompagne les différents âges de sa vie.
Fille de parents d’origines différentes, Yasmine a les cheveux sombres et crépus, elle ne correspond pas aux clichés convenus pour jouer la princesse en haut de la tour, elle sera donc le corbeau qui vole autour…
Yasmine nous partage pendant un peu plus d’une heure son vécu, nous montre comment elle a réussi à se construire et être présente sur cette scène, malgré les passages tumultueux de son existence, ses questionnements identitaires, le poids des apparences, le rejet, la perte, la maladie, ses déceptions, ses combats...
Ce récit m’a extrêmement touché parce qu’il semblait bien venir du cœur et nous racontait quelque chose d’universel. Des émotions brutes, des mots puissants, du courage ! J’en suis sortie chamboulée, avec beaucoup de questions en tête, car cette pièce pousse à la réflexion au sujet notamment de l’importance du respect de nos différences.
Une fois le spectacle fini, nous avons, le temps d’un verre, invité les jeunes à participer à un World Café avec mes collègues du C-paje. Nous avons constitué 6 groupes : plus ou moins 3 jeunes à chaque table avec un ou deux animateurs qui génèrent ou participent à l’échange. Le résultat : des mots qui claquent sur de grandes feuilles.
Nous avions préparé une liste de questions en lien avec la pièce afin de pousser les jeunes à la réflexion sur leur propre identité, de les questionner sur ce qui fait d’eux ce qu’ils sont. Abordant l’adolescence et ses difficultés, la norme, le regard ou les attentes des autres, la honte que l’on peut parfois ressentir…
J’ai été étonnée de l’implication des étudiants à participer en ne connaissant pas mes collègues, livrant chacun un peu d’eux-mêmes, posant leurs vécus, leurs difficultés, leurs rapports à leur sphère familiale, amicale ou scolaire, abordant la religion, le port du voile, leur culture et leur cheminement.
Nous n’aurions pas vécu un tel moment avec notre public sans avoir assisté à cette représentation théâtrale qui est un véritable déclencheur à la réflexion et à l’expression de soi. Des échanges riches, autant pour eux que pour nous, qui renforcent l’idée que le partage de nos vécus et de nos différences est plus qu’important pour la construction d’une société solidaire telle qu’on la souhaiterait actuellement. La culture est ce qui nous relie, ce qui nous éveille, ce qui nous rassemble.
Cette matinée a été appréciée de tous et toutes ; les jeunes en redemandent, nous aussi, et ça, c’est beau !