« Il faut qu’on nous entende ! Pour la jeunesse, pour l’avenir ! »

« Il faut qu’on nous entende ! Pour la jeunesse, pour l’avenir ! »

Partout en Fédération Wallonie-Bruxelles, les Centres de Jeunes se sont mobilisés le mercredi 24 février 2021. L’équipe du C-paje était présente aux manifestations qui se sont tenues à Liège et à Verviers. Reportage.


Les Centres de Jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont fait entendre leur voix ce mercredi 24 février, à l’occasion de la journée de mobilisation « SOS Jeunes en détresse ». En menant des actions dans l’espace public ou sur les réseaux sociaux, l’idée était de lancer un cri d’alarme à propos de la détresse des jeunes et de demander la réouverture d’un secteur plus qu’essentiel, bien qu’il n’ait pas l’air d’être considéré comme tel par les décideurs politiques.

Les bubble-foot déferlent sur Liège

À Liège, auprès des animateurs de la Bicoque, de la Bibi, de la Baraka, de la Marguerite, du terrain d’aventure Gata, des MJ de Jupille, Saint-Nicolas, Chênée, Péry, Sclessin, Glain, Angleur, Burenville et du Thier à Liège, des dizaines de bubble-foot ont déferlé dans les rues. « On veut mettre les jeunes dans des bulles ? Eh bien on a pris ces recommandations au pied de la lettre ! » Les jeux de mots ont fusé « Ils sont gonflés à bloc », « il paraît qu’on ne fait que buller… eh bien voilà ». Les Maisons des Jeunes de Liège ont manifesté, non sans humour, leur besoin d’ouvrir de manière décente. Les MJ ne peuvent accueillir pour l’instant que quelques jeunes, uniquement en extérieur et seulement s’ils ont moins de 18 ans. « Qu’est-ce qu’on fait ? On les choisit ? Sur quels critères ? », s’interroge une animatrice. Les jeunes présents ce mercredi, fidèles aux valeurs des CRACS (Citoyens, Responsables, Actifs, Critiques et Solidaires), n’ont, quant à eux, pas hésité à prendre la parole pour défendre leur MJ et leur liberté.

« Je vais à l’école un jour sur deux, le reste du temps, j’étudie. Mais on ne peut pas faire que ça. Sur mon temps libre, j’aimerais pouvoir faire des choses, n’importe quoi. Même un kicker. Même juste avec les animateurs. Quelque chose. Je ne comprends pas pourquoi on peut aller en classe masqué mais pas à la MJ », témoigne Cassandra, jeune de la MJ d’Angleur.

Camille, elle, ne va même plus en classe. « Je suis aux études supérieures, tous mes cours sont à distance et je ne peux plus venir à la MJ. Je ne peux plus non plus aller faire du sport, aller boire un verre et ne parlons pas des sorties culturelles…» Elle a déjà répondu à plusieurs des journalistes présents et répète « il faut que les centres de Jeunes puissent rouvrir ». Et quand on lui demande pourquoi la MJ de Jupille qu’elle fréquente depuis des années est si essentielle dans sa vie, elle répond sans hésiter : « j’y suis des cours de danse et j’ai participé à un super projet inter-MJ Un autre opéra. La MJ c’est un endroit où, en tant que jeune, on se sent considéré. On y apprend la confiance en soi mais aussi en l’autre. J’ai déjà été suivre des cours en école de danse mais ce n’est pas la même chose. En école de danse, le but c’est que tu fasses le mouvement à la perfection. En MJ, ce qui intéresse les animateurs, c’est que tu te sentes bien dans ton apprentissage. On prend le temps, on ne te dénigre jamais, on veille à ton autonomie ».

Dilara aussi aime la danse, mais c’est à la MJ l’Atelier à Saint-Nicolas, qu’elle la pratique. « Je danse depuis toute petite dans ma chambre. Je suis très réservée, je n’aurais jamais osé le montrer à qui que ce soit. La MJ c’est différent, c’est un lieu où règne une certaine confiance, il y a un vrai esprit de famille. C’est une deuxième maison. Et c’est ça qui me manque au final. Je me sens oppressée à force d’être chez moi. Je fais des crises d’angoisse et le confinement n’a fait qu’empirer les choses. Ni mes parents, ni moi ne pouvons gérer. J’ai besoin d’un endroit où respirer ».

Verviers, théâtre d’une forte mobilisation

À Verviers, 16 Centres de Jeunes du collectif « Tu M’Inter-Est », qui rassemble des MJ de la région Vesdre, Amblève et de la Basse-Meuse, ont manifesté mercredi dans l’espace public, sur la place du Marché, juste devant l’Hôtel de Ville. De 14h à 17h, ils étaient ainsi une centaine, chaque MJ étant venue avec ses jeunes en plus de leurs équipes d’animateurs, présent.e.s pour porter haut et fort la parole des jeunes.

Le temps d’un après-midi ensoleillé, une douce odeur festive, portée par la musique d’un jeune DJ installé devant le van « Radio mobile » de la MJ des Récollets, a parfumé la place verviétoise. On danse, on chante… Tout en gardant à l’esprit les mesures sanitaires, chacun portant un masque, mais aussi et surtout la dimension politique de l’événement. Rap, lecture de textes et témoignages… La jeunesse s’est engagée, a revendiqué !

De nombreux manifestants étaient munis de calicots pour afficher, de manière créative, leurs revendications : « Libérez nos MJ », « Jeunes essentiels », « Et moi je vis quand ? », « Jeunesse confinée, avenir bousillé », « MJ fermée = Jeunesse empêchée », ou « Laissez-nous rouvrir nos MJ sinon CRACS dedans », pour en citer quelques-uns.

Parmi les différents textes qui ont été lus devant le public ce mercredi, il y avait notamment celui d’Élodie, jeune de la MJ de Sprimont : « Trop de gestes barrières, ça nous met en colère. La jeunesse n’est pas inconsciente, mais on ne peut plus rien faire. Plus de petits rendez-vous entre nous, plus de bar, plus de petits restos... Les ados en ont plein le dos. Et quel malheur pour les coiffeurs, les petits travailleurs. L’économie s’envole, les sourires dégringolent, les familles aussi. Confinement saoulant… ».

Vincent, jeune manifestant, a lui aussi pris la parole : « On nous a privé de notre liberté. Il est normal que l’on veuille la récupérer. Tous les jeunes sont à l’agonie. Les MJ elles aussi. Je suis à l’agonie aussi, comme vous tous. Il faut absolument qu’on nous entende. C’est pour ça qu’on est tous là. Si on ne fait rien, qui le fera à notre place ? Pour la jeunesse, pour l’avenir ! »

Car, oui, du côté des autorités publiques, c’est quand que l’on compte penser à notre jeunesse, à notre avenir ?

Les travailleurs du secteur de la Jeunesse sont des professionnels !

Pour conclure, il nous semble important de rappeler que, depuis 2000, un décret détermine les conditions de reconnaissance des Centres de Jeunes par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour certains acteurs de terrain, empêcher les animateurs d’encadrer les jeunes avec un protocole adapté, c’est à la fois sacrifier les jeunes mais c’est aussi nier le professionnalisme du secteur... Alors qu’il serait pourtant grand temps de faire confiance aux professionnel.le.s de la Jeunesse !

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Actualité rédigée par
Malvine & Lucien

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