Et si on lisait « Et si l’école… » ?

Et si on lisait « Et si l’école… » ?

On a jeté un œil, puis deux, sur le recueil de chroniques des CEMEA Et si l’école… 22 chroniques pour changer l’éducation. Et on a eu envie de vous en parler.


Les CEMEA (Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Éducation Active) sont un mouvement d’Éducation Nouvelle qui rassemble plusieurs groupes de réflexion, dont celui dédié à l’école. Ce groupe a pour mission de réfléchir l’école et, notamment, d’accompagner des équipes éducatives, de donner des formations ou d’organiser des échanges de bonnes pratiques. C’est là, sur le terrain, qu’ils ont entendu ces petites phrases vite dites, vite oubliées mais qui empêchent pourtant la remise en question de cette institution. Des phrases qui semblent parfois innocentes, mais qui charrient pourtant leur lot de violences ordinaires. Ce livre s’adresse donc aux enseignants, mais aussi à toute personne qui s’investit dans l’école, comme par exemple des parents ou des animateurs.

Si vous vous reconnaissez dans certaines des phrases reprises, on est bien d’accord, ça fait un drôle d’effet et l’on se surprend à redouter un mot au bic rouge dans le journal de classe. On est tous passés par l’école, plus ou moins longtemps et avec plus ou moins de plaisir, mais elle laisse des traces et nous formate, si bien qu’il nous est parfois difficile de jeter un œil neuf dessus.

Si l’on se rend bien compte qu’un lapidaire « Élève indiscipliné, aucun intérêt à son travail !» inscrit dans le bulletin peut hanter un élève tout au long de sa scolarité (p. 61), qu’y a-t-il de mal à avouer «qu’en classe, je cours toujours après le temps »( p. 49) ou qu’« on reconnait un enfant qui est allé en crèche » (p. 109) ? A priori, pas grand-chose. Mais si l’on gratte un peu le vernis, si l’on s’autorise à réfléchir à leurs implications, on comprend que, dans les deux cas, des rythmes extérieurs au développement de l’enfant lui sont imposés. Non pas pour qu’il apprenne mieux et qu’il grandisse bien, mais pour coller aux exigences de l’institution scolaire. Parce qu’un cours de math le jeudi c’est 2x50 minutes, tant pis si le jeune a besoin de plus de temps pour comprendre les équations à 2 inconnues. Parce qu’en maternelle, un enfant qui pleure quand il dit au revoir à ses parents demande un peu plus d’attention et de temps à l’instit’ ; peu importe si passer ses premières années avec des adultes a renforcé sa confiance en lui.

Ces petites phrases sont donc les symptômes des dysfonctionnements de l’école plutôt que la maladie elle-même. Elles sont utilisées comme autant de leviers pour questionner les usages. Et comme identifier un problème ne le résout pas, ce livre propose, pour chaque problématique, des pistes de réflexion concrètes à l’échelle de la classe, de l’école et même de la société. Ainsi, en partant de la phrase concernant les enfants sociabilisés en crèche, l’on réfléchira, à l’échelle micro, aux moyens de rendre la classe d’accueil véritablement accueillante et ouverte aux enfants et aux parents ; et à l’échelle macro, aux moyens de valoriser la formation et le rôle des puériculteurs.

Promouvoir l’éducation active est un véritable choix politique : il s’agit de questionner l’école en tant qu’institution de reproduction sociale. En pédagogie active, si l’on ne nie pas que l’école est, dans une certaine mesure, un vecteur de partage des valeurs de la société dans laquelle elle s’inscrit, elle doit aussi permettre aux enfants de s’émanciper en leur donnant une place de réels acteurs de leur apprentissage. Et c’est la société toute entière qui doit susciter ce changement de paradigme pour en récolter les fruits.

 

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Actualité rédigée par
Malvine Cambron

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