Ephémérides décembre 2019

Ephémérides décembre 2019
Les gens me disent à demi-mot
Pour une fille belle t'es pas si bête
Pour une fille drôle t'es pas si laide        Angèle
 
Encore un homme qui parle à la place des femmes. Ca ça ne changera pas, je resterai un homme, à moins que je ne suive les traces de Boudewijn van Spilbeeck, journaliste vedette de la chaîne flamande VTM qui en 2018, est publiquement devenu.e Bo. Un homme je suis, c'est donc indéniable. Puis-je a priori, être un homme qui parle des femmes (entre autres des femmes), de la place des femmes, sans pour autant être un homme qui parle à la place des femmes? En tout cas, en 2019, et singulièrement en cette deuxième moitié d'année, les femmes sont montées en flèche, sont passées en force, ont pris de la puissance. Et alors? Quoi de plus légitime et à quoi bon en parler?
 
Et bien, s'il y a lieu d'en parler, c'est que cette évidence de la place due aux femmes est encore loin d'être une évidence unanimement partagée et que la femme en tant que genre et en tant que somme d'individualités, reste la minorité visible la plus majoritaire s'il en est. Les femmes montent et s'affirment depuis longtemps déjà, mais avec une progression de résultats. En politique leur nombre progresse, que ce soit dans les postes de pouvoir communaux ou dans les assemblées régionales et fédérales. Mieux encore, et c'est passé quasiment inaperçu pour cause de statut intérimaire, néanmoins on peut le souligner, notre premier ministre est depuis quelques semaines une femme et c'est quand même une première. Ne serait-il pas utile, que pour la suite, outre les équilibres politiques et communautaires sur lesquels on glose actuellement beaucoup, on prenne en compte cette représentativité-là aussi. Parce qu'une première fois n'a de sens durable que s'il y a ensuite une deuxième, troisième, quatrième (et ainsi de suite) fois. La pionnière en la matière fut la Communauté Française avec Laurette Onkelinx en 1993 et Marie Arena en 2004, mais cela ne fait tout de même que 2 femmes sur 9 titulaires du titre. Le gouvernement flamand a aussi cette année, connu sa première ministre-présidente, en la personne de Liesbeth Homans... Mais cela n'aura duré que trois mois. Signalons encore Fadila Laanan jusqu'en 2019, à la ministre-présidence de la Cocof, mais, hormis ceux qui vivent à Bruxelles (et encore), personne ne sait trop bien ce qu'est ce machin. Côté Région Wallonne, Région Bruxelles-Capitale et Communauté Germanophone, le temps est masculinement stationnaire et les convoyeurs attendent. Versant Europe, là aussi la représentation parlementaire évolue, et, la Commission est (quasi) paritaire et aussi, grande première, dirigée par une femme. Mon mauvais esprit ressent le besoin de quand même souligner (c'est un fond de paternalisme ça?) qu'il ne suffit pas d'être femme pour mener des politiques positives... Mais bon, la vraie égalité, c'est sans doute le droit pour une femme d'exercer ses fonctions aussi nuisiblement ou aussi mal qu'un de ses homologues masculins.
 
En 2019, les femmes ont des prix Nobel (ça non plus ça n'arrive pas souvent), des directions d'entreprise (quoique je me demande si un homme se serait fait dégommer et lâcher par tout le monde comme l'a été Dominique Leroy, portent haut la parole du climat et celle de l'accueil des migrants. Partout dans le monde, les femmes sont présentes, dans les combats, civiques et sociaux. Régulièrement, elles sont le principal fer de lance. Ecoutez-les, ces chiliennes de garde, qui ont mis le feu à la jungle de la violence faite aux femmes. Ecoutez-les, ces voix, regardez-les ces corps, tremblez devant l'audace de ces femmes réunies en collectif derrière le label Las Tesis, scandant et rythmant :
 
Le patriarcat est un juge
Qui nous juge d'être née
Et notre punition...
est la violence que tu ne vois pas
Le patriarcat est un juge
Qui nous juge d'être née
Et notre punition...
est la violence que tu vois déjà
Le féminicide
L'impunité pour notre assassin
C'est la disparition
C'est le viol
Et la faute n'était pas mienne, ni où je me trouvais, ni comme je m'habillais (4X)
Le violeur c'était toi
Le violeur c'est toi
Ce sont les flics, les juges, l'état, le président
L'ETAT OPPRESSEUR EST UN MACHO VIOLEUR (2x)
Le violeur c'était toi
Le violeur c'est toi
Dors tranquille, fille innocente
Sans t'inquiéter pour le bandit
Que pour tes rêves, doux et joyeux,
Veille ton cher policier
Le violeur c'est toi (4X)
 
Ecoutez- les ces femmes qui militent au Kosovo. Ecoutez-les ces femmes qui chantent dans un stade français (paroles MLFiennes écrites en 1971, sur l'air du chant des Marais et dont voici ci-dessous un extrait :)
 
Nous qui sommes sans passé, les femmes,
Nous qui n’avons pas d’histoire
Depuis la nuit des temps, les femmes,
Nous sommes le continent noir
 
Refrain :
Levons-nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout, debout !
 
Asservies, humiliées, les femmes,
Achetées, vendues, violées,
Dans toutes les maisons, les femmes,
Hors du monde reléguées.
 
Refrain
 
Seules dans notre malheur, les femmes,
L’une de l’autre ignorée,
Ils nous ont divisées, les femmes,
Et de nos sœurs séparées.
(afin d'entendre tout cela, je vous renvoie vers l'émission Foule Continentale de Caroline Gillet, consacrée ce 8 décembre aux actions féministes, à écouter sur RTBF Auvio).
 
 
Demain, c'est 2020, il y en aura des des défis, des enjeux, des sujets de débat, des engagements, des controverses.
2020. Les femmes sont là, plus que jamais. Autant que toujours diront à raison certaines d'entre elles, certaines d'entre vous, qui peut-être en ce moment me lisez.
Et puisque c'est de saison et que DIeu (marque déposée) a déjà été, en âme et conscience, identifié comme femme et noire, il est peut-être également grand temps de réévaluer le Père Noël.
Pour clore pour de bon ce dernier éphémérides des années 10 du présent siècle... 2 extraits de chansons des années 70, un homme une femme, parité jusqu'au bout, histoire de se rappeler de quoi la lutte pour l'égalité entre homme et femmes a dû s'extirper, doit s'extirper encore et indéfiniment pour ne pas risquer de se voir enterrer à nouveau :
 
 
 
S'il vous plaît
Regardez-moi je suis vraie
Je vous prie
Ne m'inventez pas
Vous l'avez tant fait déjà
Vous m'avez aimée servante
M'avez voulue ignorante
Forte vous me combattiez
Faible vous me méprisiez
Vous m'avez aimée putain
Et couverte de satin

Vous m'avez faite statue
Et toujours je me suis tue

Quand j'étais vieille et trop laide
Vous me jetiez au rebut
Vous me refusiez votre aide
Quand je ne vous servais plus
Quand j'étais belle et soumise
Vous m'adoriez à genoux
Me voilà comme une église
Toute la honte dessous                                                        Anne Sylvestre
 
 
 
 
La femme est le nègre du monde
Oui, c’est vrai... Pensez-y
La femme est le nègre du monde
Pensez-y... Il faut faire quelque chose

Si elle n’est pas notre esclave, nous disons qu'elle ne nous aime pas
Si elle est sûre d’elle, nous disons qu'elle essaie d'être un homme
En la rabaissant, nous prétendons qu'elle est en-dessous de nous
La femme est le nègre du monde... Oui, c’est vrai
                John Lennon
 
 
 
Rappelons aussi, pour ne pas sombrer dans l'enthousiasme lénifiant, que les grandes banques belges et la majeure partie des grandes entreprises sont toujours uniformément au main de vieux mâles blancs. Rappelons-nous que, au-delà des avancées symboliques ou spécifiques, l'égalité passe indubitablement par l'égalité (et donc l'individualisation) des droits sociaux. Les genres ne sont toujours pas égaux devant la précarité et la mise hors-jeu sociale. Cette individualisation, elle est sur un coin de la table des négociations et programmes de gouvernement(s)... Il faudra être attentif à ce qu'elle ne tombe pas dessous.

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