Pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, mobilisons-nous !

Pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, mobilisons-nous !

En cette avant-veille de journée internationale de lutte pour les droits des femmes mais aussi jour de grève nationale contre les mesures d’austérités annoncée, voici un petit topo des conquis sociaux (mais aussi, il faut bien l’avouer, quelques « fails ») tous centrés ici sur l’emploi et la sécurité sociale. Parce que, non, Simone, nous n’oublierons pas « qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. ». Célébrons ces victoires… pour mieux nous préparer à les défendre !

Notre secteur en chiffres (Source : Le non-marchand en chiffres, étude de données par l’APEF)

Et nous, dans notre secteur, on en est où ? Dans le secteur non marchand, selon les chiffres de l’APEF (2019), on peut compter 67,5 % de femmes pour 33,5 % d’hommes. Cette « ségrégation horizontale » genrée (le fait que certains métiers sont plutôt occupés par des femmes ou plutôt occupés par des hommes) peut s’expliquer par le fait que le non-marchand se caractérise par le regroupement de métiers dit du care (soin, en anglais, ici à comprendre dans son sens large). La sociologue Danièle Kergoat explique que les emplois dits féminins sont souvent une prolongation des rôles domestiques, ce qui signifie que la répartition genrée des rôles, apprises depuis l’enfance, se poursuit dans la vie professionnelle.

Cela peut se vérifier si l’on zoome encore sur le sous-secteur du Milieu d’Accueil d’Enfants (MAE) où l’on compte 95,8 % de femmes et 4,2 % d’hommes, soit des métiers où les « activités de travail ressemblent par bien des aspects aux tâches domestiques » (Kergoat Danièle, Les ouvrières, Le Sycomore, Paris, 1982.p. 15). On remarque que ces activités sont traditionnellement attribuées aux femmes notamment en raison de l’âge du public accueilli. Quant au Secteur Sportif et Socioculturel (4S), soit les conventions paritaires 329.02 et 329.03, les CP les plus représentées dans le réseau, on compte 59,5 % de femmes et 40,5 % d’hommes. Une plus grande mixité, certes, que l’on pourrait d’ailleurs attribuer au public plus âgé et aux activités qui s’éloignent de la notion de soin, mais des métiers qui restent quand même majoritairement occupés par des femmes.

Le temps de travail est également une caractéristique à prendre en compte. Dans le non-marchand, 60 % des femmes sont à temps partiel contre un peu plus de 25 % pour les hommes.

À cette ségrégation horizontale vient aussi s’ajouter la « ségrégation verticale ». En effet, statistiquement, les postes de cadre sont d’avantage occupés par des hommes, tant dans les secteurs d’activité féminisés que dans les autres. Le secteur MAE est représentatif de cette logique. Il emploie un nombre très faible d’hommes mais ils y occupent souvent des postes d’encadrement, ce qui explique que le salaire médian est plus élevé chez les hommes. Dans le secteur 4S, le salaire médian est plus élevé chez les femmes. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’à l’intérieur du secteur 4S, les femmes occupent souvent un poste de cadre intermédiaire ou de coordination. Elles échapperaient donc en partie à la ségrégation verticale ? En partie seulement car, si l’on regarde la proportion de salaires plus élevés (plus de 150 euros/jour), quel que soit le secteur, elle reste plus importante chez les hommes.

« Quelques dates de l’Histoire des femmes et de l’égalité en Belgique », morceaux choisis. Source (pour les points 1900 - 2011) : Quelques dates de l’Histoire des femmes et de l’égalité en Belgique

Si l’on jette un œil dans le rétro pour observer les jalons qui ont permis aux femmes d’accéder à l’emploi et à une certaine indépendance financière, une longue liste d’instants T se déroulent, invisibilisant parfois des luttes de fonds, voire des contradictions. Il ne s’agira pas ici d’être exhaustif, mais de se rappeler que sur le dernier siècle écoulé, un long chemin a été parcouru. On emprunte souvent des détours, parfois des retours en arrière, mais en prenant de l’élan et en se serrant les coudes, on peut sauter l’obstacle !

1900 :

Les femmes mariées ont eu pour la première fois le droit d’ouvrir un compte d’épargne. Elles peuvent désormais aussi conclure un contrat de travail et toucher une partie de leur propre salaire. Elles peuvent aussi dépenser cet argent sans autorisation de leur mari s’il est affecté aux besoins du ménage. Il leur faudra attendre 1922 pour pouvoir pleinement disposer de leur propre revenu professionnel. Le droit de percevoir sa propre pension sera instauré en 1928.

1957 :

Il s'agit d'une une date historique, la Signature du Traité de Rome prévoyant l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. Mais une victoire sur papier, car en 1966, les ouvrières de la FN Herstal devront faire grève pour obtenir, à travail égal un salaire égal à celui des hommes. Cette grève historique rassemblera de nombreuses organisations féminines belges et européennes, et, après un certain temps, quelques instances syndicales. Après 3 mois d’action, les ouvrières peuvent crier victoire. Aujourd’hui encore, on constate d’importants écarts salariaux entre les hommes et les femmes, à diplôme et durée de carrière égaux (environ 20% d’écart en moyenne).

1969 :

La loi interdit aux employeurs de licencier une femme pour cause de mariage ou de grossesse. « Vous avez des enfants ? Vous prévoyez d’en avoir ? », est encore une question discriminante que l’on entend en entretien, bien qu’il s’agisse clairement d’une discrimination à l’embauche.

1971 :

Suppression de la référence au sexe dans la réglementation du chômage. Les allocations sont les mêmes pour les hommes et les femmes.

1975 :

Convention Collective de Travail sur l’égalité salariale, applicable à tous les employeurs.

1976 :

La loi proclame l’égalité totale des époux, l’épouse ne doit plus obéissance à son mari et peut ouvrir un compte en banque sans son autorisation.

2002 :

Instauration d’un congé de paternité de 10 jours ouvrables.

2004 :

« Charte sur l’égalité des femmes et des hommes », par laquelle les organisations syndicales (FGTB, CSC et CGSLB) s’engagent à intégrer la dimension de genre dans leurs pratiques et dans leurs négociations avec le patronat

2011 :

Lors de la naissance d’un enfant, les co-mères (épouses ou cohabitante de la mère) a droit au même congé que les pères.

2019-2021 :

Confinements liée à la gestion politique de la pandémie du Covid 19. Les tâches qualifiées d’essentielles pendant le confinement (aides-soignantes, aides à la personne, infirmières, ambulanciers, caissières, éboueurs, etc) sont assurées d’abord par des personnes racisées et, parmi celles-ci, majoritairement des femmes. (Source : Femmes du monde face au Covid-19 : La vie est une ressource essentielle)

2022 :

Réforme des pensions, avec, comme pilier central, la valorisation du travail effectif (au détriment des périodes dites "assimilées" ) pour l’accès à la pension minimum. Les journées de congé de maternité, d’allaitement, de co-parentalité ou encore pour soins palliatifs feront l’objet d’une exception et seront considérées comme du travail effectif. (Source : La réforme des pensions est-elle bonne pour les femmes ?)

2023 :

Le nombre de jours que les co-parents peuvent prendre s'élève désormais à 20 jours, toujours trop peu si l’on veut une répartition équitable des tâches liées au soin de l’enfant, mais le double que ce qui était prévu une vingtaine d’années auparavant. (Source : Article du Ligueur)

2025 :

L’accord du gouvernement de l’Arizona prévoit une nouvelle réforme de la pension, « plus ambitieuse » que celle de 2022. Ce sont surtout des femmes qui devraient être pénalisées par cette réforme puisque historiquement, ce sont elles qui travaillent le plus à temps partiel. (Source : Accord du gouvernement De Wever sur les pensions : retour du malus, des économies et vers l’harmonisation des statuts)

 

Nos quotidiens sont jalonnés par ces décisions. La chronologie présentée peut parfois faire penser à la comptine de la bergère qui va au marché en faisant des pas en avant, des pas en arrière. Nous savons que les pas en arrière sont d’autant plus probables lorsque nos politiques invoquent une crise pour prendre des décisions. Dans le cadre de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le front commun syndical organise une journée d’action nationale. Ce 8 mars sera donc considéré comme un jour de grève où nous pourrons incarner, peut-être même avec nos jeunes, la solidarité avec celles qui risquent d’encore y perdre des plumes.

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Actualité rédigée par
Malvine CAMBRON

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