Chroniques coronariennes : Episode premier

Chroniques coronariennes : Episode premier

Il en est de cette crise comme de tout autre instant de contraction de l’Histoire, elle condense, concentre, met en lumière, cristallise les paradoxes, les contradictions, les paroxysmes des comportements et des élans. Nous frayons donc ces derniers jours avec un bel avant-goût des meilleurs et des pires que recèle l’humanité (toutes proportions gardées et chacun selon son contexte) et sans doute devons-nous aussi nous débattre, dans les alcôves intimes de nos microsphères et de nos consciences, avec le pire et le meilleur de nous-mêmes. A titre informatif, je me sens le besoin de préciser qu’en ce qui me concerne, l’utilisation des termes meilleur et pire n’est pas porteuse en soi d’appréciations ou de jugements moraux. Même si c’est potentiellement attristant, chacun fait vraisemblablement ce qu’il peut ou ce qu’il croit bon de faire face à la peur montante, à la perception de danger ou de menace… Et si nous n’aimons pas toujours ce que nous constatons, rappelons-nous que ce n’est pas le produit de l’instant mais le fruit de la normalité apparente dans laquelle nous vivions précédemment.

Nous aurons donc vécu ces dernières semaines et, c’est à craindre, les semaines à venir (le tout classé par ordre alphabétique, libre à vous d’en rajouter et de biffer les éventuelles mentions inutiles) : acceptation, agressivité, altruisme, ambivalence, amitié, amour, anxiété, apathie, autisme (sens figuré), autocensure, bêtise, bravoure, courage, décence, déception, découragement, désinformation, désinvolture, deuil, égoïsme, empathie, enfermement, engagement, éternuement, fièvre, hypocondrie, hystérie, impuissance, incrédulité, indécence, information, inquiétude, isolement, lâcheté, lassitude, opportunisme, peur, prudence, reconnaissance, récupération, révolte, solidarité, soulagement, tristesse, volonté…

S’il est heureux de voir que certaines professions et fonctions sont aujourd’hui reconnues comme essentielles (et ô combien le sont-elles)…

Il vaut la peine en ce moment de se demander…

S’il fallait vraiment atte(i)ndre une période de crise pour que cette prise de conscience ait lieu.

Si ces secteurs aujourd’hui décrétés essentiels n’ont pas, paradoxalement, été victimes de détricotages, de visions courtes, de sous-investissements.

Si l’essentialisation schématique à laquelle on nous restreint correspond à notre vision de ce qui est l’essentiel.

A voir et à revoir dans d’autres chroniques.

En ce moment particulier, je me permets de vous partager mon affection non contaminée, quoique vous deviez vivre ou ne pas pouvoir vivre dans les temps qui nous traversent. Portez-vous au mieux, vous, vos proches et vos moins proches.

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