« C'est notre devoir de bien accueillir les personnes migrantes ! »

« C'est notre devoir de bien accueillir les personnes migrantes ! »

Retour sur une journée d'animation Diversity Power avec les étudiants des Rivageois.

Jeudi 16 février, en matinée. J'erre depuis au moins un quart d'heure dans le dédale des couloirs de la Haute École Charlemagne Les Rivageois, à la recherche de la salle 121. Je monte plusieurs volées d'escaliers dans différentes ailes du complexe scolaire, sans succès. Je finis par demander mon chemin à quelqu'un que je croise pour espérer trouver la classe secrète. Définitivement le bon choix, la salle 121 est désormais juste devant moi ! J'ouvre la porte, l'animation a déjà démarré. Fabrice et Shirley, animateurs C-paje, sont accompagnés par Emelyne, notre stagiaire, pour une journée avec les étudiants de 2e année en Philosophie et Citoyenneté et Français Langue Étrangère des classes de Mesdames Jardon et Polson. Au programme aujourd'hui : des animations diverses et variées dans le cadre du projet d'animation Diversity Power, centré sur la thématique de la Méditerranée et sur l'importance des droits des personnes en matière de migration.

Les jeunes sont en train de terminer leur présentation en sous-groupes d'un parcours d'un migrant, en mettant en scène des faits au moyen d'objets, de dessins, de mimes...Ils détaillent les pays traversés, les embûches incessantes sur le chemin, les galères permanentes, le sentiment d'injustice... On sent tout de suite que les jeunes présents aujourd'hui, de futurs enseignants, sont très impliqués, curieux et sensibles à la thématique proposée. La journée promet d'être riche en réflexions et créations. On enchaîne ensuite avec une animation de collage inspirée du travail artistique de Bansky, où l'on réalise un brèche dans un mur afin d'accéder à  un rêve, un idéal, un souhait. Puis on passe aux concepts à la chaîne avec un cadavre exquis façon dessin. Chaque étudiant reçoit un mot en secret et doit commencer à le dessiner. Il passe ensuite rapidement son dessin à son voisin, qui doit le poursuivre, sans savoir bien sûr à quel mot le dessin se rattache. Et ainsi de suite. À la fin, le groupe doit essayer de deviner quel dessin est relié à quel mot. Des mots qui commencent chacun par une lettre différente, ce qui va s'avérer décisif dans le choix du type de fanzine. En effet, l'idée de créer un abécédaire sur la thématique migratoire fait rapidement l'unanimité chez les étudiants, qui soulignent la pertinence du concept pour donner un côté pédagogique à leur création. Voici les mots en question : Accueil - Baignade - Camp - Destin - Espoir - Frontières - Guerre - Habitations - Intégration - Joie - Kilomètres - Littoral - Migrant - Naufrage - Occident - Passeur - Quidam - Rejet - Sans-papiers - Tente - Urgence - Visa - Web - Xénophobe - Yacht - Zig-zag.

Il n'est cependant par encore temps de se pencher sur le fanzine tout de suite. Car, juste après le temps de midi, place à une animation qui s'annonce riche en échanges et débats : le théâtre forum ! Il s'agit d'une méthode de théâtre interactif, et foncièrement politique, où le public est invité à réagir, jouer et prendre part à la pièce après avoir été témoin d'une scène d'injustice. Fabrice se lance, accompagné par la comédienne Céline Robin. Ensemble, ils jouent une scène où ils incarnent un couple. La femme souhaite accueillir une personne migrante à la maison, l'homme refuse catégoriquement, en accumulant dans son argumentation des stéréotypes pour le moins discriminants. Un jeune se lance alors, voulant reprendre le personnage joué par Fabrice pour le rendre plus tolérant. "Tu es d'accord pour qu'on accueille un migrant à la maison ?", lance Céline. "Oui bien sûr, c'est une très bonne idée ! C'est notre devoir de bien accueillir les personnes migrantes", répond l'étudiant. Une toute autre histoire se développe alors, inventée par les jeunes, qui multiplient les personnages : la directrice d'une association d'aide aux personnes migrantes, la fille du couple qui va devoir changer de chambre, la jeune femme migrante qui va être hébergée par la famille, l'assistante sociale qui vient vérifier que tout se passe bien... On débat, on se rend compte de certains aspects et incompréhensions auxquels on n'aurait pas pensé à première vue... On rigole aussi, face à des situations subitement cocasses.

C'est dans la bonne humeur que se poursuit l'après-midi, avec le début de la conception du fanzine. Place à la calligraphie des 26 mots, qui seront repris et illustrés dans l'ouvrage. Chaque jeune prend en charge un ou deux mots. On décide d'utiliser toujours la même police d'impression pour la première lettre, puis libre cours à l'imagination de chacun pour la suite. "Migrant" se retrouve orné de plantes, "Habitations" se voit habillé d'un mur de briques, "Sans-papiers" flanqué d'un panneau d'interdiction, "Destin" surmonté d'une étoile filante, "Frontières" parcouru de fils barbelés... On prend aussi le temps de réfléchir au nom à donner au fanzine. Deux idées plaisent à toutes et tous : "Dans la même mer" et "Migrabécédaire". 17h approche, il est doucement temps de se séparer et de repartir chacun de son côté. Une journée intense et bien remplie, certes, mais enrichissante, surtout. C'est ça la force de la diversité des échanges, des rencontres.

 

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