Chaque jour sur les ondes de La Première, Arnaud Ruyssen consacre une demi-heure dans l'émission "Les clés" pour décrypter les enjeux d’un sujet d’actualité (politique internationale ou belge, économie, santé, questions de société...) avec des acteurs et des actrices de terrain ou des citoyens. L'objectif présenté : "donner des clés pour mieux comprendre les informations".
Depuis l'automne 2024, deux fois par mois, une émission "Les clés - Spéciale jeunes" est aussi proposée. L'équipe choisit une classe de l'enseignement secondaire supérieur qui s'intéresse à une thématique de société et se rend dans l'établissement pour y faire une petite réunion de rédaction au sein de la classe qui a donc déjà réfléchi avec l'un de ses enseignants. Ensuite, les élèves se rendent aux studios de la RTBF pour l’enregistrement.
Le squelette de l'émission semble être à chaque fois le même : ils plantent le décor de la thématique en interrogeant des jeunes à son sujet, discutent avec eux et mêlent leurs paroles avec celles de spécialistes de la question, qui éclairent ou prolongent leurs réflexions, propositions de changements ou questionnements.
La Première n'a pas pour réputation de compter parmi ses auditeurs de nombreux jeunes (hormis ceux qui l'écoutent "par erreur" avec leurs parents en voiture par exemple), cette démarche semble donc plutôt s'adresser aux auditeurs de ce média sous l'angle de vue des jeunes interviewés. Comme toute parole rapportée, il y a évidemment le point de vue de celui qui la relaie, ici un média d'information public mainstream. Mais ce qu'on aime dans cette émission c'est qu'on y donne la parole à des jeunes sur des thématiques qui les concernent directement, et pas que ! Les sujets abordés, présentés sous forme de question concernent aussi la collectivité de façon plus large : Pourquoi interdire le smartphone à l'école ?, La santé mentale, un problème sous-estimé ?, Pourquoi la prison ne permet-elle pas d'empêcher la récidive ?, Comment lutter contre le harcèlement scolaire ?, Pourquoi vote-t-on de plus en plus pour les extrêmes ?
Il nous semble qu’écouter ces jeunes partager leurs avis peut aider à faire un pas de côté sur un discours d'habitude tenu par des adultes, et peut-être faire bouger les lignes des débats et des pensées. Par exemple, dans l’émission sur la santé mentale, un jeune parle de cette pression de devoir choisir de se lancer ou pas dans des études supérieures. Car c’est, selon lui, un peu comme retarder la pression suivante, celle de consacrer une trop large partie de sa vie au monde du travail.
Dans l’émission sur l’interdiction du smartphone à l’école, une jeune dit ne pas comprendre pourquoi les politiques prennent une telle décision alors que les adultes ne seraient sûrement pas d'accord avec une telle mesure au travail. Ceci m’a fait tout particulièrement sourire car j’écoutais ce podcast lorsque je me rendais à une réunion de parents dans une école où les téléphones étaient déjà interdits aux jeunes depuis longtemps, avec pancartes affichées au mur. Jeunes qui regardaient de travers leurs parents attendant leur tour dans les couloirs...un téléphone à la main :-) Un autre jeune parle de cette sensation « d’être tout nu » quand il n’a pas son téléphone à la main, tellement cet objet est devenu un prolongement de lui-même.
Lorsqu’ils abordent le harcèlement à l’école, on y entend des jeunes témoigner de leur impuissance à agir, comme cette jeune qui explique avoir été trouver un enseignant qui n’a rien su faire face à une situation de harcèlement à laquelle elle assistait. Ils mettent ainsi en lumière cette difficulté de savoir vers qui se tourner. On y explique aussi comment ce phénomène naît parfois de simples petites blagues entre jeunes, ou de moqueries « l’air de rien » d’un enseignant.
Cette émission s'intéresse également à des sujets moins souvent traités, comme la prison. Dans cet épisode, plusieurs jeunes disent qu’avant de s’intéresser au sujet, ils pensaient que les conditions de vie peu enviables des détenus étaient « un peu bien fait pour eux » ; et que leur avis s’est éclairé du réel et a depuis changé. Un discours très commun qu’on retrouve encore un peu partout auprès d’adultes.
Du côté du journaliste Arnaud Ruyssen, il partage sur sa page Facebook au sujet de l'émission sur la santé mentale des jeunes "J’ai été très impressionné de la franchise de ces jeunes, de la façon dont ils ont mis sur la table des questionnements parfois difficiles et intimes, des angoisses ou des frustrations. " Ou encore "C’était beaucoup trop court ! Une heure et demie de discussion à bâtons rompus et avec beaucoup de franchise et d’authenticité sur l’enjeu du Harcèlement à l’école avec une vingtaine d’élèves."
Et c'est bien cela qu'on aime aussi dans cette émission : cet intérêt très humain et transparent qui met la pensée des jeunes au-devant d’une scène habituellement occupée par les adultes, avec esprit critique et sincérité.
Lorsque j’écoute cette émission, j’ouvre à la fois mes oreilles de maman et de travailleuse du monde de l'éducation. Les propos partagés me donnent des perspectives différentes de dialogues avec mon fils autant que cette force de continuer à travailler à la valorisation de ces jeunes qui nous entourent, et aider à tisser des ponts entre eux eu nous.
A l'heure où je mets cet article en ligne, je découvre la dernière émission diffusée hier sur Auvio avec pour question "Influenceur, un métier d'avenir ?" Un sujet que j'ai hâte d'écouter et qui m'échappe.
Je reste curieuse d’en savoir plus sur le tournage de ces émissions et vais donc contacter la rédaction pour peut-être vous en dire plus à son sujet...ou pas.
D’ici là, bonne écoute et peut-être bons débats avec vos publics jeunes avec l'aide de ces podcats que vous pouvez trouvez sur auvio ou sur vos plateformes de podcast.