Halloween est le prétexte idéal pour les marathons films d’horreur en tout genre. Mais savez-vous que les marathons de la frousse sont aussi possibles avec les jeux vidéos indépendants ? Voici deux propositions, exemptes de fontaines d’hémoglobines photoréalistes pour publics plus ou moins avertis.
Vous voulez un jeu avec une ambiance hyper effrayante pour public plus averti (16 ans et +) ? Amnesia : Dark Descent
Les développeurs ne se cachent pas de s’être beaucoup inspirés des écrits de Lovecraft pour concevoir leur jeu et le pitch de ce dernier pourrait tout à fait sortir d’un de ses livres.
Vous incarnez Daniel, un homme qui se réveille amnésique dans un château au beau milieu de la forêt prussienne. À vos côtés, une lettre, de votre main, qui vous explique que vous avez renoncé à la mémoire dans le but de tuer un homme. Commence alors votre lente descente dans le château. Problème, vous n’y êtes pas seul…
Le jeu a la brillante idée de vous mettre dans une vue à la première personne avec un personnage totalement incapable de se défendre. Tout ce que vous pouvez faire c’est courir, vous cacher et lancer des objets pour détourner l’attention de vos poursuivants. Pour ne rien arranger, votre personnage a une jauge de santé mentale qui se dégrade s’il aperçoit des monstres ou des évènements dérangeants. Vous ne pourrez la faire remonter qu’à des sources de lumière, rares, et si elle descend trop c’est le game over. Pire, les développeurs ont très bien compris que le plus effrayant, c’est finalement ce que notre cerveau nous suggère, point d’avalanche de gore ici, mais des environnements inquiétants, une bande-son à base de cris et autres grincements bien placés, un monstre principal invisible qui vous traque périodiquement et dont vous entendrez brutalement les pas arriver sur vous (trop tard en général), des distorsions qui accompagnent la baisse de santé mentale. Le tout confère à ce jeu une des ambiances les plus flippantes qui soit.
Pour y jouer, deux manières s’offrent à vous : la mienne, à savoir d’y jouer avec vos haut-parleurs, des gens autour de vous, tous feux allumés et votre ours en peluche, l’autre si vous êtes mas… pardon féru d’immersion, est celle que recommande les développeurs : avec un casque, seul et dans la pénombre. À vous de voir… Quoiqu’il en soit, le jeu reste réservé à un public averti (16 ans et +).
Pour aller plus loin : c’est l’occasion de se plonger dans les œuvres d’H.P Lovecraft et notamment son unique novella : L’affaire Charles Dexter Ward qui présente une ambiance assez proche du jeu. Sinon des nouvelles comme le Cauchemar d’Insmouth ou l’Appel de Cthulu restent des valeurs sûres.
Vous voulez savoir ce que ça fait d’incarner les créatures d’Alien ou The Thing ? Carrion
Ne vous êtes vous jamais dit, devant certains films de monstre, que vous étiez plus dans le camp de la créature plutôt que de ces gros irresponsables d’humains qui se sentent toujours obligés de déranger de pauvres monstres de leur sommeil (essayez de me tirer de mon lit à 4 heures du matin pour voir) et qui se séparent comme des couillons au premier carrefour venu ? Ben les développeurs de Carrion ont pensé à vous.
Vous incarnez une créature extraterrestre qui va devoir s’échapper du labo de recherche où elle est enfermée. Problème : vous êtes petit et très sensible aux balles. Pour mener à bien votre évasion, vous allez devoir faire chauffer vos neurones en vous infiltrant dans les salles en tirant parti des faux plafonds et autres cachettes et en guettant la bonne opportunité de boulotter les gardes et autres gêneurs sans finir changé en passoire. Au fur et à mesure de votre progression, vous débloquerez des pouvoirs (ex : contrôler mentalement un humain qui passe à votre portée…) et heureusement, car plus vous allez avancer, plus les ennemis vont être équipés pour vous pourrir la vie. À vous de déployer vos pouvoirs intelligemment en fonction des situations.
Les développeurs ont opté pour un pixel art peu détaillé ce qui permet de représenter des actions violentes, qui, avec des graphismes plus réalistes, ferait basculer le jeu vers les sommets de gore sanguinolent atteints par des titres comme Dead Space ou Callisto Protocole, alors qu’un démembrement ou un jet de sang en pixels, ça ressemble surtout à une tornade de post-it.
En bref Carrion c’est un petit jeu horrifique, mais pas trop impressionnant qui fait chauffer la matière grise et qui vous accorde un plaisir rare dans les jeux vidéo : avoir l’impression d’incarner la créature de The Thing. Et ça, ça ne se refuse pas.
Pour aller plus loin : c’est l’occasion de découvrir la novella ayant inspiré le film The Thing : La chose de John W. Campbell (rééditée aux éditions du Belial).