Benjamin nous présente le programme de la seconde édition du Cercle des travailleuses et travailleurs pédagogiques, qui démarre en octobre.
C'est l'histoire d'une idée, d'une envie, d'une réflexion poussée plus loin. C'est aussi le fruit d'une rencontre, avec Julia Petri, d'Iteco. Au sein du C-paje, nous avions envie de créer un espace de discussion populaire à Liège sur les questions d'éducation, de pédagogie, d'émancipation. C'est ainsi que, inspirés par le Cercle de pratiques en pédagogie critique qu'Iteco mène à Bruxelles, Semra et Benjamin ont lancé avec Julia la première édition du Cercle des travailleuses et travailleurs pédagogiques en octobre 2023.
"Pendant un an, nous avons mené un vrai apprentissage d'éducation permanente, tant pour les participants que pour nous-mêmes", commence Benjamin, l'un des trois animateurs du Cercle. "Nous nous sommes posé la question suivante : comment notre modèle éducatif s'inscrit dans les rapports d'oppression de notre société ? Comment mieux répondre à l'objectif d'émancipation des jeunes, et non simplement reproduire les systèmes de domination ? Pour cela, nous nous sommes inspirés des cercles de discussion populaire d'Amérique latine, d'où Julia est originaire et auxquels elle a participé, qui découlent des méthodes développées par Paulo Freire".
Résumer la pensée de Paulo Freire en quelques mots n'est pas aisé. Pour faire court, disons que le pédagogue brésilien propose une méthode basée sur le dialogue, une co-construction du savoir entre les éducateurs et les apprenants pour rendre visibles les mécanismes d'oppression de la société, dans le but de libérer tant les opprimés que les oppresseurs. "On essaie donc de reprendre cette méthode, qui vise à casser la dynamique de reproduction des dominations, héritées notamment de la pensée coloniale, en nous questionnant sur nous-mêmes et sur nos approches éducatives", poursuit Benjamin. Au cours de la première année du Cercle, les discussions ont ainsi beaucoup tourné autour de notions théoriques, comme l'émancipation et l'épistémologie de ce concept.
En revanche, pour cette seconde année du Cercle, "on va s'attaquer aux cas pratiques amenés par les participants, à des situations vécues ou perçues. On va s'intéresser tant à des expériences professionnelles qui ont bien tourné qu'à des moments difficiles dont on n'identifie pas toujours bien les causes", souligne Benjamin. Et pour celles et ceux qui n'ont pas participé à la première édition, mais qui veulent rejoindre l'aventure, on vous rassure tout de suite : il y aura aussi un retour et des discussions autour de certaines notions, afin que tout le monde se sente à l'aise. "Nous avons prévu des moments où l'on va faire de l'arpentage, où nous partagerons les savoirs, afin d'avoir une base commune, un cadre de référence".
Le Cercle, c'est avant tout "un endroit où l'on discute beaucoup, où chacune et chacun est porteur de savoir, où l'on décide du programme ensemble, où l'on prend le temps de digresser, où l'on se pose des questions sur la réalité quelque peu schizophrénique dans laquelle on vit : on dépend de pouvoirs publics et d'une société qui tend à reproduire les oppressions, mais, en même temps, qui nous donne les moyens de s'émanciper et de penser autrement", conclut l'animateur.
Envie de prolonger la discussion avec Benjamin ? N'hésitez pas à prendre part à la prochaine édition du Cercle, qui démarre le 12 octobre prochain. Pour toute information supplémentaire ou inscription, vous trouverez votre bonheur en cliquant sur ce lien.