Source image : © Anoek Luyten / Hichem Dahes
« Norman c’est comme Normal, à une lettre près » (Kosmocompany) est un spectacle pour enfants, mais vivement conseillés aux adultes ! Cette pièce de théâtre, qui questionne la différence et le rapport à la norme, traite en réalité d’un sujet qui nous concerne tous de près ou de loin et qui soulève certaines questions : Comment oser être différent ? La différence est-elle un choix ? Comment se détacher du regard des autres ? Faut-il du courage pour être soi-même ?
La différence de Norman c’est de vouloir porter des robes. Il le fait chez lui, jusque-là tout va bien… Puis, non sans craintes, ses parents cèdent à sa demande d’en porter à l’école. Et c’est là que ça se corse. Les robes, c’est pour les filles et on ne se prive pas de le lui rappeler par des phrases innocentes et d’autres un peu moins. Sa mère a honte… Et elle a aussi honte d’avoir honte de son fils. Mais elle ne supporte plus ce que cette différence occasionne autour de lui. Elle a peur. Au contraire, son père adopte une attitude davantage soutenante et renforce par la même occasion le sentiment de culpabilité qu’éprouve la mère de Norman. Chacun gère à sa manière, et surtout comme il peut, cette situation qui ébranle la famille au complet.
Concrètement, trois comédiens occupent la scène en jouant à tour de rôles différents personnages. Il y a d’abord les personnages principaux : Norman, son père et sa mère. Puis, il y a les voix ; celles des gens qui parlent de Norman, celles qu’on entend à peine mais qui ne laissent pas indifférent. Enfin, il y a l’institutrice et la tante de Norman qui ont également leur propre avis sur la question. Tous ces personnages nous offrent, sans censure et sans non-dits, leurs ressentis face à la question de la différence et du regard des autres. La force de cette pièce réside dans l’empathie dans laquelle chaque spectateur est invité à porter le vécu des différents personnages.
Toutes ces actions se passent dans un décor très épuré, avec quelques accessoires pour comprendre les changements de personnages et de contextes. La chorégraphie se mêle également au théâtre d’une façon tellement bien pensée que la combinaison du jeu des comédiens, la force du scénario et la légèreté qu’apportent les corps en mouvement plongent le spectateur dans un rythme infernal, entre rires et larmes. Cette scénographie est très réussie dans sa sobriété. Avec, à la fin du spectacle, un changement d’ambiance où la scène se transforme littéralement en joyeux bordel coloré et imaginaire qui invite au lâcher prise, au bonheur d’être soi et à la liberté de chacun d’exister dans sa différence.