Les observateurs avertis - à l'exception des indécrottables optimistes, dont je cherche toujours à connaître le secret - s'entendaient plutôt sur l'idée que si la Belgique contournait l'obstacle portugais et survivait sous l'azur italien, elle s'échouerait vraisemblablement à nouveau au pied des falaises outre-quiévrainoises. D'autres rêvaient d'une revanche post Mundial.
Et puis voilà; patatras, l’équipe la plus grandissime du monde s’est faite défaire par une, somme toute, discrète nation de la planète foot. Outre les rodomontades qui nous seront évitées pendant un année au moins si nous franchissons la frontière et visitons nos lointains cousins... c’est aussi l'occasion de se rappeler que rien n'est jamais acquis, que les supposés outsiders peuvent également être à l'honneur. Ce sera donc maintenant à la Belgique, ou à l'Italie; à ne pas laisser le piège suisse se refermer sur ses doigts.
Si ces revirements à répétition sont un des apanages du foot, son principal miracle est de tout faire disparaître sur son passage, y compris et en particulier le précédemment omniprésent Covid. Dire qu’on s'est échiné pendant des mois, à coup de confinement, de gestes barrières et de vaccination, à tenter de le faire disparaître... alors qu'il suffisait d'un Euro de foot pour que le tour soit joué.
La réponse est maintenant toute trouvée si l’on ose encore dire aux associatifs ou aux culturels qu’il faut renoncer à leurs actions pour raison de prévoyance sanitaire : « Pas de danger, chères autorités et experts associés, tout risque est évité, on regardera du foot »
Néanmoins hier, avant-dernier jour scolaire (sur papier), une information a pu passer à travers les mailles du filet (métaphore ballon rond de rigueur) de la couverture médiatique de l"événement susmentionné. Le C.E.B. (certificat d'études de base), passage obligé de sortie de l'enseignement fondamental pour tous les élèves belges, a délivré ses résultats. A peine 2% de réussite en moins que l'épreuve de 2019 (celle de 2020 ayant été supprimée pour cause d'école confinée), se réjouit le journaliste, c'est-à-dire 88 % au lieu de 90%. Si tout le monde est content, pourquoi devrais-je en rabattre sur l'ambiante joie? Et bien moi, excusez-moi, mais je me dis que notre système scolaire, fleuron avant-coureur de notre dispositif sociétal, produit 12 % d'échecs au terme de ce qui est la formation scolaire de base, que cela signifie que plus de 6000 élèves sont revenus du champ de bataille sans leur précieux sésame et que je ne voudrais pas être à leur place. 12 % cela peut ne pas faire beaucoup si on évalue les pertes de balles ou les frappes inabouties de nos joueurs... En l'occurrence, cela signifie qu'un enfant sur 8 est déjà exclu de cet aboutissement qui n'est pourtant que le premier repère d'un long parcours sensé mené à l'éclosion des compétences, la réalisation professionnelle et à la réussite sociale. Un sur 8, ça fait environ 3 par classe. Dans toutes les classes? Dans toutes les écoles? Ou bien, c'est plutôt 100% de réussite par-ci et 70% par-là? L'inégalité sociale et culturelle dans toute sa splendeur.
Mais bon, la peste soit de l'esprit chagrin à la veille d'un été qui s'avance (temporairement?) démasqué. Et puis, il suffirait que les Diables passent encore un ou deux tours pour qu'on ne tarisse plus d'éloges à propos du modèle d'inclusion sociale qu'est notre Eldorado betteravier. Goooooaaaaaaaaaaaalllllllllllllllllllllllllll !!!!!!!!!!!