« Toute personne est libre de quitter n'importe quel pays, y compris le sien » nous dit la Convention Européenne des droits de l’Homme.
Il y a quelques années, le Nimis Groupe, dans son spectacle « Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu »* en dénonçait l’hypocrisie et illustrait cet article par l’image d’un oiseau migrateur qui aurait levé une patte pour quitter son pays sans pouvoir la poser dans un autre. Ridicule, bloqué dans la position dite du flamand rose, l’oiseau cherchait son équilibre. Il tentait bien de poser un bout de patte de l’autre côté d’une frontière mais subissait aussi tôt un refoulement.
Quelques années plus tard, les oiseaux continuent de symboliser le voyage, la migration mais sont aussi prétexte à de belles rencontres.
Tout au long du mois de mai, La Marelle, CEC liégeois basé dans le quartier du Laveu proposait un atelier de création autour de la thématique des oiseaux migrateurs.
Les participants aux ateliers créatifs de la Marelle mais aussi le public de la Maison Médicale, de la maison sociale « l’Equipe Découverte », des apprenants FLE et le Centre Multimédia de Don Bosco ainsi que « L’équipe découverte » du Service social Liège-Laveu ont pu explorer de manière créative cet univers du long voyage.
Le travail à débuté grâce avec la découverte du livre de Francesca Sanna «Partir au delà des frontières »** qui raconte avec pudeur et tendresse l'histoire d'une famille qui traverse les frontière pour fuir la guerre. Les enfants étaient ensuite invités à créer leur propre livret racontant un voyage, une migration marquante. Ce n’est qu’après cette réflexion qu’ils se sont attachés à créer des oiseaux à suspendre sur les façades des maisons.
Véritable vecteur de cohésion sociale, l’atelier de création d’oiseaux s’est ensuite invité dans les diverses fêtes du quartier. La Marelle proposait, outre de customiser son oiseau, de l’apprivoiser et de l’emmener chez soi sous contrat d’adoption. Un contrat qui marque un engagement, qui fait office de promesse; celle d’héberger et de prendre soin de celui qui voyage sans trop savoir où se poser. Petit à petit, les façades se sont colorées d’oiseaux exotiques aux teintes et formes variées.
À ce jour on compte près de 160 adoptants, le plus souvent de familles d’oiseaux. Tous se sont engagés à se rassembler le 15 septembre lors de la manifestation Images et Saveurs pour symboliser l’envol de leurs oiseaux vers un ailleurs plus serein.
* Le spectacle « Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu », créé par le Nimis Groupe (2015) est une fresque théâtrale qui met en lumière les rouages politiques, économiques et culturels qui conduisent à la mort des milliers de migrants aux frontières de l’Union Européenne. http://www.nimisgroupe.com
** Partir au delà des frontières, Francesca Sanna, Gallimard Jeunesse, 2016.